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Et ta blogotite? Ca va mieux, merci.

(Où Orr a fait une vraie pause internet.)

Il y a quelques mois, je décidais d’ouvrir ce blog, et par là-même, de changer radicalement ma dynamique de consommation globale de l’internet.
J’avais déjà quelques antécédents: découverte à 12 ans de ce merveilleux univers et ses Deviantart, forums et autres RPG, et j’y étais à mon aise. Six ans plus tard, ce fut la découverte des blogs sur divers sujets de consommation, qui m’ont amenée vers des choses très bien tout en me permettant de me distraire d’un quotidien pas toujours très drôle. Jusqu’à suivre un nombre important de ces blogs, à chaque fois en lien avec les évolutions de mes centres d’intérêt: cosmétiques, cosmétique naturelle, environnement, végétalisme, zéro déchet, et de fil en aiguille suivre même des blogs axés « lifestyle ».
Puis à créer moi-même un blog, avec la vague envie de partager de façon plus ouverte sur le net, alors que j’ai passé plus de dix ans de vie à m’épancher dans des cercles de toile plus secrets où je pouvais me réfugier, sûre que personne ne viendrait dénicher ce qui était majoritairement constitué de plaintes lancinantes. Et que ça m’allait bien, en fait. Alors puisque j’étais aussi secrète, hormis quelques éclats volubiles, pourquoi diable sortir du bois?

C’est là que le bât blesse un peu; j’avais envie d’apporter un truc, de partager, et j’avais des modèles autour de moi qui se livraient avec allégresse, habileté, auprès de qui les lecteurs se délectaient de recueillir les miettes d’une vie distillée d’une main de maître, juste assez pour faire miroiter une Authentique et Attachante personne (très important, être AA, sur les blogs, a fortiori pour traiter du tri de poubelles ou de la fabrication d’un lait végétal).
Brusquement, il me fallait l’être aussi, pour me montrer à la hauteur et éventuellement avoir des lecteurs, car écrire en sachant qu’il y aura retour est tout de même plus gratifiant que de se savoir usiner dans le vide.
À ce moment-là, me voilà poussée dans une logique que l’on ne peut pas qualifier autrement que d’excès en matière de consommation bloguesque, dictée en outre par une sale peur de manquer des informations (Fear Of Missing Out), d’être à la traîne. Et d’être effectivement à la traîne en passant mon temps à lire plutôt qu’à écrire, raison pour laquelle j’avais pourtant créé Vue sur chambre, un vrai comble.

Mon Feedly dégueulant d’actualités, d’articles, de réflexions et de revues indistinctes les unes des autres de concert avec mon fil Twitter, et moi leur féale, incapable de créer quelque chose de personnel et de ce fait ne postant plus du tout.

Non moins oppressante, la sensation d’avoir par ailleurs la figure coincée sous des bottes impérieuses en posant une patte dans le monde anxiogène de Twitter, dont la symphonie se (dé)compose de ces quelques mouvements:
– Verbaliser chaque pensée négative.
– Fédérer des gens se sentant mal pour générer du clic sous couvert de « challenge positivité ».
– Plus largement, tout verbaliser.
– Retweeter, et ainsi ne plus penser soi-même, a fortiori si l’on n’a pas assez d’abonnés pour être meneur.
– Hurler à la cantonnade ce qu’il est bien ou mal de penser ou de faire

Ce qui est regrettable, c’est qu’il ne s’agit pas de personnes parasitant un fil personnel, mais de personnes que l’on décide de suivre parce qu’a priori, nous apprécions leurs travaux et points de vue. Au début, tout semble d’ailleurs aller pour le mieux, on se sent même contents d’être informés, dans le coup. Jusqu’à se retrouver littéralement noyés sous les bons mots à deux kopecks, les injonctions agressives, ou dans un autre registre, les états d’âmes et derniers étalages consuméristes de gens qui ainsi, n’agissent que comme de petites brutes. Comment même échapper à cette logique, de toute façon, lorsqu’il faut s’imposer à tout prix, être suivi, reconnu, aimé et repris de loin en loin? Les plus sympathiques finissent par disparaître et avec eux les propos dignes d’intérêt, avalés par le torrent. Et avec eux, la tranquillité d’esprit.

C’était pour l’aspect « ingérence permanente dans le quotidien ». L’autre facteur à l’origine de cette pause, ce sont les blogs eux-mêmes, ainsi que l’aspect très consensuel de la sphère du blogging vegan.
Les blogs eux-mêmes, parce qu’en consulter en permanence ruine ma spontanéité et ma créativité. Et accessoirement, me rend amère.
La sphère du blogging vegan (que l’on peut malheureusement élargir un peu au blogging écolo), parce que tout les membres de cette sphère se sentent obligés de se congratuler mutuellement, de reprendre les mêmes marronniers en employant les mêmes phrases toutes faites (NB: la sempiternelle fable du colibri et l’éternel « pour passer Noël/Pâques/Ostara/Saint-Valentin/une veillée funèbre sans cruauté », c’est infantilisant et chiant à mourir.), de faire l’éloge des mêmes livres de cuisine dès le lendemain de leur sortie sans en avoir testé une recette ou même noté qu’au bout du 15479ème livre, on retrouve les mêmes choses et que certains livres sont clairement bâclés (et des recettes dégueulasses, parce que c’est ce que signifie « bâclé » pour un livre de cuisine, en passant). Mais il est toujours bien d’avoir un lien Ping sur un blog « connu » par sa review, voire un lien sur l’article par lae blogueurse flattée.

Ce n’est pas très surprenant, le végétalisme étant désormais moins une niche qu’une véritable manne, en particulier pour ceux qui ont réussi à se faire valoir en premier dans le milieu et sont dévoués à la production aveugle de nouveaux appâts clinquants pour néo-vegans candides.
Il reste que c’est un peu douloureux, évidemment. En particulier lorsqu’on se perd soi-même dans cette diplomatie et qu’on se retient de poster des reviews un peu cinglantes un peu moins consensuelles que « Le Sodium Laureth Sulfate c’est pas bien!! » ou « Bonduelle c’est des vilains! ».

D’où l’overdose et la coupure conséquente.
Désormais, depuis bientôt quatre mois, j’ai arrêté de suivre des blogs. Il ne reste dans mon feedly que quatre adresses (et un seul de cuisine sans son mignon label vegan, quelle liberté). Dont les propriétaires postent très peu, mais toujours du contenu intéressant, et surtout, dont le blog me sert de base de données, pour nourrir des réflexions et dont la plume n’est pas vouée à être celle d’un moment de plaisir à la sauvette, en diagonale et vite oublié jusqu’au prochain article qui de toute façon paraîtra demain. Là encore, il était urgent pour moi de penser durable, sous peine de me perdre.
Plus de Twitter. Plus d’abonnements Facebook. Un fil instagram soigneusement trié.

Et je respire, enfin.

6 réflexions au sujet de « Et ta blogotite? Ca va mieux, merci. »

  1. Bonjour ! Ah, je suis contente que tu blogues encore… un peu, mais sûrement pas pour ne rien dire 😉 comme à chaque fois ! Et je comprends vraiment TOUT ce que tu dis car j’y pense à tout ça, sans pouvoir (et sans oser essayer de) poser les mots. Oui, je me sens mieux lorsque je fréquente moins la blogosphère, et quand je sélectionne tout simplement les blogs offrant à coup sûr un contenu riche, différent, qui me permettent de réfléchir, et penser mieux véritablement. Cela m’ennuie aussi beaucoup de lire toujours des contenus qui se ressemblent, et notamment à l’occasion de la sortie d’un nouveau livre d’un blogueur influent par exemple. Cependant, moi je nageouille, me noie un peu également dans cette affaire avec mon petit blog qui ne sait pas/plus comment se positionner (comme dans la vie d’ailleurs… ). Alors, la solution est sans doute de se déconnecter et de prendre du recul… nourrir sa créativité, en se servant de sa propre singularité, sa propre sensibilité.

    Dés que je t’ai découverte, j’ai de suite accroché ! Tu as un don que je n’ai pas (et pas assez travaillé), le don de l’écriture. Tu manies les mots avec beaucoup de dextérité, bravo à toi !

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    1. Oh, et bien déjà merci, ce petit mot tout gentil me fait chaud au coeur (et rougir un peu aussi)!
      Je vois très bien ce que tu veux dire en ce qui concerne l’impossibilité et l’audace qui fait défaut pour oser s’exprimer là-dessus…Car bien que taper sur les blogs soit devenu un moyen de créer du buzz à part entière (une série d’articles a fleuri en janvier sur le manque d’originalité des blogs, etc.), les articles le dénonçant le font de façon toujours très ronde, de manière à n’offenser que les personnes qui ne peuvent pas nuire à l’auteur de l’article, et en mettant en bas de page un florilège de liens de blogs soi-disant sélectionnés et « inspirants » (ah, inspirant…! On peut rajouter ça aux critères du bon blogueur: attachant, authentique et inspirant) qui comportent tous les mêmes défauts. L’omerta reste, en somme, et aussi parce que chez la plupart, il y a déjà des sommes d’argent assez importantes en jeu.
      Et malheureusement, c’est sans normal de nageouiller là-dedans comme tu le dis, car ce n’est pas facile de s’y retrouver, tout comme il est compliqué de descendre les idoles qui nous ont marqué.e.s (voire même inspiré à créer un blog) de leur piédestal. Tout comme on n’a pas forcément très envie de se faire descendre ou simplement détester des influents, parce que ce n’est jamais agréable, même si on ne les connaît ni d’Eve ni d’Adam…Alors qu’on hésite moins à tenir des propos très virulents à l’égard de personnes avec qui le lien semble plus lâche. Bref, la force de cette communauté bloguesque (complètement factice de mon point de vue) est aussi sa faiblesse.
      La deconnexion est en effet salutaire, et on retrouve assez vite des réflexes et idées qui sont nous sont personnels, ce qui a pour conséquence inattendue de remonter par ailleurs l’estime de soi (j’avais l’impression d’être si peu originale et en-dessous des grands modèles que j’en étais déprimée, et c’est là que je me suis dit qu’il me fallait une coupure). Je suis ravie de voir que ça t’aide aussi et que tu as l’impression d’avoir une pensée qui respire, parce qu’elle a de la place pour le faire, au lieu d’être saturée de lectures qui ne sont jamais incidentes et gardent leur part d’influence. Certain.es blogueurses ont peut-être la capacité de se défaire de cet inconscient collectif créé par les lectures -mais au vu du paysage bloguesque, j’en doute-, ce n’est pas mon cas, et il me faut maintenir une discipline extrêmement ferme pour ne pas rester empêtrée dans ce magma. L’essentiel, c’est de se connaître soi-même et de prendre les bonnes mesures en conséquence, en fait 🙂

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  2. Ça fait du bien de relire tes mots❤
    C’est marrant, moi cet hiver ça m’a fait un peu le même parcours avec le net : suppression en rafale de comptes sur des forums qui ne m’apportaient, finalement, pas grand chose, suppression des notifications pour les sujets que je suivais sur les forums que j’ai gardés (essentiellement parce que je ne peux pas supprimer moi-même mon compte), et à part un ou deux blogs que je regarde de loin en loin depuis les notifs facebook (dont le tien), j’ai largement décroché.
    Ça fait du bien…

    J’espère, du coup, que tu vas reprendre une activité blogueste un peu plus régulière ^^

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    1. Merci d’être toujours là ❤
      C'est la fin de l'hiver, la détox c'est pas que dans les tisanes insipides il faut croire haha! Oui, ça fait un bien fou: quand j'ai tout supprimé (y compris les abonnements aux médias, les amis FB, les livres de cuisine chez moi, tout y est passé), j'ai eu l'impression d'avoir éteint la télé. En tout cas, la sensation était la même: le silence, et avec lui toutes ses perspectives. Avec le recul, ça doit être dû aussi à un trop-plein dans la réception d'émotions qui n'étaient pas les miennes (pour Twitter), même si c'est le racolage des blogs qui m'a faite exploser…Parce que ça faisait un sacré poids.

      Je vais essayer d'être plus régulière, quitte à me décoincer un peu car j'aimerais notamment beaucoup parler un peu plus cheveux (forcément ^^) ici! Pas facile, j'ai l'impression de me mettre en danger à chaque fois que je m'écarte de la cuisine et des blablatages associés qui n'ont aucune importance 😀

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  3. Reprenant du service niveau blogosphère, j’ai vu ta MAJ sur le forum et je viens faire un tour sur ton blog que j’apprécie beaucoup 🙂

    Contente de voir que cette pause au niveau de la blogosphère t’a fait du bien ! J’ai eu le même problème en juin, une sorte de pétage de câble lié au fait qu’il faut toujours prévoir des articles pour rester dans la course, mettre FB à jour, avoir systématiquement le blog dans la tête… une pause permet de repartir de zéro et de se demander avec suffisamment de temps « pourquoi ai-je envie de communiquer avec le monde via ce blog ? » 🙂

    Comme j’aime énormément ta façon d’écrire, j’ai décidé de m’ajouter à tes abonnés (moi qui était une lectrice fantôme durant toute mon adolescence, ça me fait tout bizarre xD). Je continuerai à déguster tes articles (pour lesquels j’ai un petit peu de retard d’ailleurs) dès que j’aurais un moment. Je vois également que tu as créé de nouvelles sections qui m’intéressent beaucoup (sorcellerie, intérieurs). J’ai hâte de lire tes prochains articles sur le sujet 🙂

    Bon courage pour ta reprise !

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    1. Oh merci à toi, ça me fait plaisir! C’est tout à fait ça, cette sensation oppressante de devoir faire une tonne de trucs pour « rester dans la course », et en conséquence, la qualité mais aussi la motivation qui pâtissent de ces exigences dictées par des statistiques qu’on aimerait un peu flatteuses quand même, ne serait-ce que pour compenser le temps passé à écrire et communiquer ^^
      Merci pour ton passage, ton abonnement, ton commentaire et la hâte que tu exprimes pour les nouvelles catégories. C’est un peu délicat de les remplir et je suis encore en pleine phase de recherche pour aborder le sujet sans risquer de rebuter et fuir mon lectorat!

      Bon courage à toi aussi, je m’en vais lire tes nouveaux articles d’ailleurs tiens 😉

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